CADIOU Christian

Professeur Agrégé des Universités
Stratégie, Finance, Ingénierie financière,


Enseignant-chercheur
Etablissement : Université Bretagne Occidentale
Affectation de recherche : ICI (Information coordination incitations)

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Concernant les thématiques de recherche développées, elles se rattachent toutes à la stratégie financière. Ce thème, fil conducteur des axes de recherche, est abordé sous différents angles, associe des combinaisons de points de vue et vise l’amélioration de la compréhension de la performance dans les organisations. Ces axes, décryptés dans une logique d’évolution, traitent ainsi les problématiques de finance de marché (le comportement des investisseurs apporteurs de capitaux propres à l’entreprise), de finance d’entreprise (le comportement du dirigeant, agent de l’actionnaire, en situation de redéploiement d’un portefeuille d’investissements), de finance sur-mesure (les relations partenariales dans les architectures d’ingénierie financière, LBO, SBO, titrisation, fiducie, covered bonds), de gouvernance actionnariale (les relations d’agence entre actionnaires et dirigeants : gestion de l’action, exercice des pouvoirs, contrôles, mesures de protection du capital) et partenariale (la gestion de la firme partenariale par le noyau stratégique : gouvernance et performance globale, création et répartition de valeurs, légitimité), de reprise d’entreprise (l’imbrication projet-repreneur : intention repreneuriale, greffage et reprise externe, marchéisation des reprises par effet de levier, bulle LBO, entrepreneuriat familial atemporel).
Dans un tel contexte et en fonction des évolutions de la réflexion, les axes majeurs suivants ressortent des préoccupations en recherche:
Le risque de l’investisseur en actions
L’actionnaire est détenteur d’une partie des capitaux propres de la firme. Il exprime par son investissement des attentes en termes de rentabilité-risque. Ainsi le risque, mesuré par le bêta des actions est au cœur de la théorie financière moderne. La stabilité de ce coefficient dans le temps est implicite dans les modèles. Nous avons montré, par un travail empirique en profondeur, que sur le marché français cette hypothèse était contestable. La recherche offre une mesure et des explications statistiques à cette instabilité. Elle propose de corriger ce biais en faisant évoluer la méthode d’ajustement, et en produisant via la méthode de Prescott et Cooley un bêta adapté. Le coefficient de risque gagne ainsi en stabilité, donnant plus de fiabilité aux modèles financiers.
La création de valeur des stratégies de redéploiement
Les stratégies managériales valorisées sont avant tout offensives. La recherche s’intéresse pour la première fois en France aux stratégies défensives suspectées d’être destructrices de valeur pour l’actionnaire et perçues comme un échec dans la mission pour le management. Les positions doctrinales en matière de désinvestissement élargissent le cadre d’analyse traditionnel. Le fonctionnement de l’entreprise sert de support au développement de théories contemporaines pour trouver les motivations et comprendre la dynamique générale de telles opérations. Le travail sur le redéploiement propose des outils de diagnostic, un algorithme de calcul pour choisir le moment optimal de désinvestir et analyse l’option réelle du désinvestissement. Les pratiques défensives des dirigeants sont passées au crible. Des tests empiriques sont menés au niveau des méthodes managériales et de leurs conséquences sur la richesse des propriétaires. Seules les opérations stratégiques de gestion de portefeuille d’investissements (recentrages) se révèlent créatrices de valeur. Les apports permettent dans une approche instrumentaliste de proposer un modèle managérial de désinvestissement stratégique.
La flexibilité et le risque en finance sur-mesure
La complexification et la marchéisation des montages d’ingénierie financière se sont construites sur la base d’innovations successives. Elles s’inscrivent dans la construction d’une courbe d’expérience qui a incité à explorer toujours plus loin des pistes nouvelles pour accompagner par le sur-mesure les métamorphoses d’entreprises spécifiques. Victime de biais comportementaux de la part de parties prenantes impliquées opérationnellement, les architectures d’ingénierie financière se sont progressivement transformées en autant de sources d’opportunité pour des agents spécialisés. Cette dérive progressive implique pleinement les agents inscrits dans le microcosme des opérations à effet de levier, mais appartenant à un ensemble plus large, la communauté financière. Orienté performance, cet axe de recherche se focalise sur les architectures complexes des opérations de redéploiement d’actifs et de passifs. Il s’intéresse de fait aux problématiques d’adaptation des organisations à des situations complexes impliquant la recapitalisation ou la restructuration, le recentrage ou le redéploiement des investissements, l’utilisation d’actifs comme financement alternatif et les procédures d’extinction de dettes. Il étudie les sources de création-destruction de valeur, le contrôle des risques, les relations entre l’économie réelle et l’économie financière qui s’exercent dans les opérations complexes. Volontairement transversal, il utilise les outils théoriques développés en stratégie, finance d’entreprise et de marché. Délibérément appliqué, il s’intéresse aux pratiques et à leurs évolutions, aux leviers et aux comportements déviants, à la flexibilité et aux options réelles que les techniques recèlent. Le LBO, le SBO, le CDO, la titrisation, la fiducie, le reverse factoring, la défaisance, les covered bonds, l’ingénierie de l’inclusion financière en microfinance sont autant d’architectures étudiées sur la base de méthodologies allant de l’étude de cas à l’étude d’événements.
La complexité et l’approche pragmatique de la gouvernance
Cet axe est à la croisée de la stratégie et de la finance d’entreprise. L’entreprise est analysée comme un lieu de pouvoir. Le noyau joue un rôle central en détenant les pouvoirs essentiels (propriété, contrôle, capacité, consensus et exégèse) et les autres parties prenantes, le pouvoir d’influence (contestation, dénigrement, désengagement). La compréhension et l’exercice de ces pouvoirs sont la base d’un modèle pragmatique de gouvernance à visée instrumentaliste qui a fait l’objet de publications et communications reposant plusieurs applications. Quels paradigmes animent les concepteurs de stratégie ? De l’approche concurrentielle à l’approche organisationnelle en passant par l’approche financière voire sociétale, les pratiques sont complexes et font l’objet d’études concrètes. L’imbrication des paradigmes ramène au concept de performance globale. Cet axe se positionne dans un cadre instrumental, c’est-à-dire utile au noyau. Il propose une description de la complexité des parties prenantes et fait apparaître les opportunités de pilotage du projet. Il retrace, à travers plusieurs expériences, la sédimentation du gouvernement d’entreprise, du modèle restrictif posé par la théorie de l’agence au modèle plus large posé par la théorie des parties prenantes. Tous ces apports participent à l’élaboration d’un modèle de gouvernance identifiant les opportunités et les menaces nées des relations nouées avec les partenaires et hiérarchisant ces derniers dans le cadre de l’élaboration d’une stratégie partagée sinon acceptable. La protection de l’unité familiale est un sujet au cœur de la réflexion actuelle.
L’imbrication et la reprise d’entreprise
La rencontre d’un repreneur avec un projet partenarial pose la question de l’imbrication. En stratégie, le changement de noyau stratégique est de nature à provoquer des changements en profondeur au niveau du projet et d’influencer l’intentionnalité collective. Cette dernière est définie comme l’assemblage complexe d’intentions individuelles inscrites dans un projet commun partagé. De nature stratégique et transcrite dans une démarche de parties prenantes, cette intentionnalité émane du projet partenarial laissé par un prédécesseur et révèle des attentes, des craintes et des aspirations relatives au devenir de ce projet pour les agents qui restent impliqués. Cette rencontre est étudiée comme une opportunité car elle renouvelle la stratégie. Elle est en soi porteuse de rebond par sa capacité à réinventer l’avenir pour l’ensemble des parties prenantes associées à la construction d’une vision commune. Encore faut-il que la greffe prenne! La démarche d’analyse est exploratoire et se situe dans une approche interprétativiste. Elle repose sur une double analyse issue d’expériences dans le suivi d’organisations et de revue d’une littérature pluridisciplinaire sur le sujet. Elle se développe sur la base d’allers-retours terrains-théories. Elle combine l’analyse qualitative et quantitative dans un design exploratoire visant l’interprétation. Elle amène, en améliorant la compréhension des processus d’imbrication mis en œuvre dans les situations aussi diverses que la reprise interne, externe, familiale voire mixte, à mieux gérer en pratique les risques de la transition. Elle s’intéresse à la pérennisation de l’entreprise familiale.