Le tatouage, d’une pratique rituelle à une passion contemporaine

Mise à jour le   02/05/2023

Projet commun aux laboratoires LLSHS.
Maison de la Recherche, année universitaire 2022-2023
Au croisement des disciplines.

 

 

Le tatouage : marquer, soigner, orner le corps


Pour joindre les organisateurs, Dominique Frère et Patricia Victorin :
dominique.frere@univ-ubs.fr ; patricia.victorin@univ-ubs.fr

 

Séminaire (masters LLSHS) :
Le tatouage de la Préhistoire au XIXe siècle.
Lieu : Musée de la Compagnie des Indes 
Date : Octobre 2022

 

Communicants : les membres des laboratoires LLSHS (dont les doctorants)

 

Cycle de conférences (étudiants UBS et grand-public) :
Le tatouage, d’une pratique rituelle à une passion contemporaine

 

Lieu : Auditorium de la Maison de la Recherche
Dates : novembre et décembre 2022, janvier, février, mars 2023
Conférenciers : membres des laboratoires et invités extérieurs

 

Le tatouage connaît un engouement rapide et sans précédent dans les sociétés occidentales. Pour nous en tenir à la France, selon un sondage Ifop réalisé en novembre 2016 pour le Syndicat national des artistes tatoueurs auprès de 1 002 personnes, on apprend que 14 % des Français ont déjà été tatoués. Chez les 18-24 ans, cette proportion atteint même 26 %. Témoignent de ce succès et de cet intérêt les nombreuses expositions qui lui sont consacrées.
Mais de quoi le tatouage, pratique qui remonte à la fin de la Préhistoire, est-il le signe ou le nom ?
Les mots pour le dire : l’Antiquité use de différents mots pour désigner cette pratique : stigma (stigmate, marque), nota (signe), signum ( marque, signe, empreinte), inscriptio (inscription) ou encore scriptum. En français médiéval on ne trouve que peu de mots pour le désigner. Denis Bruna a notamment relevé l’emploi du mot « labour » ou encore « oeuvre » d’aiguille et souligne qu’il convient de distinguer le tatouage d’autres pratiques comme la scarification ou encore le marquage au fer. La flétrissure apparaît comme une variante du tatouage au Moyen Âge. Denis Bruna a relevé l’emploi du mot « labour », « oeuvre » d’aiguille.
Si dans la Grèce ancienne le tatouage est d’abord pénal, c’est-à-dire marque d’infamie réservée aux esclaves, prisonniers de guerre et criminels, on assiste à une bascule avec la christianisation. En effet, toujours selon D. Bruna, dès le IVe siècle, le tatouage est marque d’appartenance, de reconnaissance et pratique apotropaïque (D. Bruna, p. 397-398)

 

Les moyens et les fins
On pourra s’intéresser aux moyens de pratiquer le tatouage : à l’aide d’arêtes de poisson, de morceaux de bois ou encore d’os que l’on trempait dans l’encre avant de piquer la peau point par point, ou bien encore de manière très insolite avec des fourmis avant l’arrivée du dermographe, première machine électrique à tatouer (1891).
Le mot tatouer n’apparaît que tardivement en français, grâce à Cook qui introduit to tattoo en 1769, à partir du mot polynésien tatau. Il est attesté en français pour la première fois dans la traduction par Fréville du Journal d’un Voyage autour du monde, de Cook. Il signifie d’abord « marquer le corps d’inscriptions et de dessins indélébiles », puis « exécuter un dessin par tatouage ». Si la pratique du tatouage a eu des fonctions variées : parer le corps, protéger, soigner, en Europe au XIXe siècle, le tatouage est surtout utilisé pour marquer l’appartenance à un groupe : marins, prostituées...1
Dans le cadre de ce séminaire dédié aux étudiantes et étudiants en Master et doctorantes et doctorants, il s’agira de retracer l’histoire de cette passion, de la Préhistoire au XIXe siècle, ici et ailleurs dans la littérature, l’histoire, l’anthropologie.

 

Bibliographie sommaire :
Philippe Artières, À fleur de peau : Médecins, tatouages et tatoués, 1880-1910, éditions Allia,
Paris, 2004.
Denis Bruna, Le « labour dans la chair ». Témoignages et représentations du tatouage au Moyen Âge, Micrologus (xiii), 2005.
Alan Cabantous et Gilbert Buti, De Charybde en Scylla : Risques, périls et fortunes des mers du XVIe siècle à nos jours, Belin, Paris, 2018.
Alexandre Lacassagne, Émile Magitot, Du tatouage, Recherches anthropologiques et médicolégales, Masson, Paris, 1886.
Florence Lamy, « Le tatouage : média de la culture polynésienne », Hermès, La Revue, vol. 65, no 1, 2013, pp. 165-170.
Peter Lang, Esclavage antique et discriminations socio-culturelles, Bern, 2005.
Émile Laurent, Le criminel aux points de vue anthropologique, psychologique et social, Vigot
Frères, Paris, 1908.
Cesare Lombroso, L’Homme criminel, F. Alcan, Paris, 1887.
Luc Renaut, Le tatouage des hommes libres aux IVe et Ve siècles de notre ère, université Grenoble Alpes, 2011.
Emma Viguier, « Corps-dissident, Corps-défendant. Le tatouage, une “peau de résistance” »
dans Faire face. Pratiques de résistance dans les sociétés contemporaines Europe-Amérique (XIXeXXIe siècles), Amnis revue de civilisation contemporaine Europes/Amériques no 9, 2010.
Denneys-Tunney Anne, Ecriture du corps : de Descartes à Laclos, Paris, PUF, 1992
Fernandez-Zoila Adolfo, La chair et les mots, Paris, La pensée sauvage, 1995
Fintz Claude, Les imaginaires du corps : pour une approche interdisciplinaire du corps. Tome 2,
Arts, sociologie, anthropologie, Paris, L’Harmattan, 2000
Friedman Anna Felicity, Atlas mondial du tatouage, Paris, Pyramyd, 2016

 

1 Voir le dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d’Alain Rey.

Ghellal Abdelkader et Mahmoudi Ammar, Le tatouage ou la sémiotique graphique et ses signifiés, Saint Denis, Edilivre, 2012
Kempf Roger, Sur le corps romanesque, Paris, Seuil, 1968