Axe 3 - Conscience(s) du maritime. Les activités maritimes sur les territoires de la façade atlantique

Mise à jour le   12/10/2023
Ploumanach

Par conscience(s) du maritime, cet axe de recherche entend explorer et comprendre la manière dont les humains pensent la mer et se pensent par la mer. Il ambitionne de restituer la façon dont les sociétés structurent des territoires, « devenus » progressivement maritimes. Conjointement, il s’agira de s’interroger sur la place des recherches sur le maritime, en tant qu’objet d’investigation.

La littoralisation des activités humaines est un phénomène traversé par des intensités différentes selon les époques. L‘haliotropisme connaît actuellement une phase aiguë, avec des concentrations de populations et d’activités sur les littoraux et sur les mers, alors que l’Océan est en plein changement.

Mais quelles relations les humains nouent-ils avec la mer, avec quelle intensité, depuis la préhistoire à nos jours ? Quelles incidences sur les sociétés, les territoires ? Les recherches portées par les chercheur·e·s du CRBC sur les activités maritimes sont à des échelles temporelles et géographiques multiples. La mise à jour et la compréhension de leurs évolutions vont permettre d’identifier les acteur·rice·s de ces territoires, principalement sur la façade atlantique de l’Europe. Cette prise de conscience du fait maritime est une mise à jour des liens entre les activités, les territoires, voire entre les disciplines scientifiques, portée par les chercheur·e·s eux·elles-mêmes. Elle aide à comprendre les transformations, les mutations et les représentations des sociétés contemporaines. Les sciences humaines ont une place à re-prendre autour de l’objet « mer ».

L’étude de phénomènes de littoralisation et maritimisation des activités humaines sur des temporalités longues s’appuie sur des approches et méthodes pluridisciplinaires en sciences humaines (archéologie, anthropologie, géographie, histoire…). La confrontation et le rapprochement des regards, des méthodes est une richesse du CRBC.

 

Les travaux des chercheur·e·s s’organisent autour de trois approches principales :

Ce volet s’appuie sur les travaux d’Henri Touchard et Jean-Christophe Cassard, véritable Histoire maritime de la Bretagne médiévale et présente la mise en place de la « poussière portuaire » bretonne au cours du Moyen Âge. Les sociétés y développèrent des activités littorales en relation avec des forelands lointains et des hinterlands irrigués par des axes terrestres et fluviaux constituant vraisemblablement la première maritimité de la Bretagne.

Cette approche est aussi celle portée par l’Atlas Linguistique des Côtes de l’Atlantique et de la Manche, travail interdisciplinaire sur les concordances entre aires linguistiques et culturelles le long des côtes de Gibraltar à l'Écosse, qui croise les analyses géolinguistiques, archéologiques et génétiques. Elle se décline aussi au sein des projets ARMERIE (Archéologie Maritime et Recherche Interdisciplinaire et environnementale) et SEALEX (The SEA as a long term socio-ecological experiment), qui font se rencontrer des archéologues, des géomorphologues, des linguistes, des généticien·ne·s et des biologistes. Cette coopération porte une réflexion sur le thème « Interactions homme/milieu maritime en Manche-Atlantique de la Préhistoire à nos jours », avec pour ambition le développement d'une équipe transversale à l'UBO capable d'adresser les questions scientifiques qu'ils sous-tendent.

Pointe Saint-Mathieu

CRT Bretagne, Emmanuel Berthier

Cette approche historique est complétée par les recherches menées autour de la place de l’Église dans la construction de l’Europe atlantique (péninsule ibérique, France de l’Ouest, îles britanniques, IXe-XIXe siècle). Les approches de longue durée illustreront les variations de la place des propriétés ecclésiastiques et leur lien aux littoraux. Et l’abbaye de la Pointe Saint Mathieu occupe une place particulière, à l’extrémité nord-ouest de la rade de Brest point stratégique pour la navigation et la défense des côtes. Il s’agit de comprendre l’histoire et l’évolution des écosystèmes de la rade de Brest voire leur dégradation, comprendre les stratégies d’implantation religieuse en nord Bretagne, approcher les interfaces terre-mer et les contacts aux époques anciennes avec le monde insulaire, appréhender les réalités matérielles du commerce atlantique aux époques antiques et médiévales.

Ce volet a pour objectif d'identifier les diverses activités qui se déroulent en mer, sur les littoraux, pêches, agricultures, transports, échanges, pratiques culturelles, sportives, de loisirs, ports, zones d’influence…

Riec-sur-Belon

Y. Bouvet, 2023

Comment se construisent les liens entre les sociétés et les espaces littoraux et maritimes ? En décortiquant le jeu des acteur·rice·s, on peut mettre à jour une approche multi-scalaire tant spatiale que temporelle de filière, de métier. Une attention particulière peut être portée sur les concurrences spatiales entre les activités, notamment entre la pêche, l’exploitation des ressources énergétiques et les activités de tourisme et de loisirs.

Ainsi, le projet CLASMER autour des questions d’apprentissage et du rôle des classes de mer sous l’angle historique, géographique, éducatif, sociologique, anthropologique, économique et architectural, entre portée éducative, découverte du littoral et rôles des institutions, notamment la région Bretagne dans ce dispositif.

Un autre projet interroge la place des femmes dans les métiers maritimes, dans la navigation de plaisance, dans la pêche, l’aquaculture et plus largement dans les communautés maritimes.

Les territoires littoraux sont questionnés dans leurs fonctionnements, à l’image des estuaires, espaces si particuliers situés entre terre et mer générant des sociétés identifiables en Bretagne et dans toute l’Europe atlantique.

La collaboration entre l’IBSHS et l’IUEM, initiée par les journées d’études autour de l’axe Territoires et durabilités des ressources maritimes, en mai 2019, en lien avec le GIS Histoire et sciences de la mer se poursuivent.

Face aux multiples crises et transitions en cours, y a-t-il de nouveaux rapports à la mer et à l’espace littoral ? Quel devenir pour les activités actuelles et héritées, pour les patrimoines architecturaux, culturels, économiques ?

Ainsi, le projet de recherche OSPAPIK vise à croiser les différentes approches d’évaluation des déchets marins. À travers le monde, diverses actions sont menées pour imaginer et mettre en place des solutions pour réduire les rejets en mer, encourager les professionnel·le·s à conserver les déchets qu’ils·elles remontent dans leurs chaluts et pour organiser et valoriser le collectage et le recyclage des engins de pêche. Il s’agira donc d’interroger les enjeux économiques, symboliques, esthétiques et éthiques se révélant dans la mise en place de filières nationales et transnationales de recyclage des déchets marins.

D’autres chercheur·e·s explorent les enjeux patrimoniaux, entre muséification et transformations des activités, vécus des moments festifs, mobilisation de cultures ancestrales, intégration de nouveaux acteurs dans le monde maritime. Les discours sur la mer, l’Océan marquent des pratiques, des résistances, des représentations qui ont commencé à être explorées autour du groupe IDMeR (Imaginaire et discours de la mer et ses ressources), porté par HCTI et le CRBC, travaux qu’il convient de poursuivre.

Baptême officiel du Skravik 1 au Tinduff, à Plougastel-Daoulas

Le Télégramme, 2 mai 2022