Cavanna sous (presque) toutes les coutures

Mise à jour le   26/06/2023

Premier semestre 2024

 

L’individu vivant est en perpétuelle construction ; l’individu mort est un bâtiment achevé, à l’entrée duquel il n’est plus écrit « chantier interdit au public ». L’ouverture au public ne signifie pas que tous les secrets de fabrication du bâtiment seront percés, mais elle constitue déjà un progrès vers cette connaissance.
Ainsi, neuf ans après la mort de François Cavanna (1923-2014) et trois ans après la parution de son ouvrage autobiographique posthume intitulé sobrement /Crève, Ducon !/, il devient envisageable d’étudier l’apport de l’écrivain à l’histoire de la littérature française, et même à l’histoire tout court étant donnée l’importance symbolique que le journal /Charlie Hebdo/, dont il était le fondateur, a acquise bien malgré lui depuis le 7 janvier 2015.


Dans cette optique ambitieuse, vers laquelle cette journée ne saurait poser qu’un premier jalon, il conviendra de faire droit, dans la mesure du possible, à l’étonnante diversité de l’œuvre de Cavanna et de ne pas se contenter de la partie la mieux connue du grand public que constitue sa saga autobiographique ouverte par /Les Ritals /(Belfond, 1978) : en effet, sa carrière d’écrivain débuta plus d’une vingtaine d’années avant la parution de ce célèbre ouvrage, plus précisément en 1956 quand « poussé par la nécessité, pour « fournir de la copie » à/Zéro/ puis à /Hara-Kiri/ »1, celui qui menait alors une carrière de dessinateur d’humour sous le pseudonyme de Sépia se fit rédacteur. Par la suite, il se révéla un véritable polygraphe : une bibliographie établie en 2008 faisait état de plus d’une soixantaine de livres comprenant, outre les fameuses autobiographies, des romans, historiques pour la plupart, des essais, chroniques et pamphlets, des parodies, des livres d’images et même des traductions.
À cette variété générique s’ajoute, en dépit de la revendication de spontanéité de l’auteur2, une relative plasticité formelle car, si la narration et la démonstration en prose dominent, le théâtre (/Louise la pétroleuse/, Belfond, 1981) et la poésie (chanson « Paris Rombière » pour Marcel Amont ainsi que plusieurs textes parus dans le /Charlie Hebdo/ des années 2000) n’en sont pas absents. À partir du moment où l’on fait droit à cette étonnante variété, y a-t-il encore une place pour une unité de l’œuvre de Cavanna ? En d’autres termes, est-il envisageable de tirer l’un du tout au sein de cette profusion littéraire ? Toutes les approches, en lettres et en sciences humaines, pourront être mobilisées pour tenter de répondre à cette problématique.

Les propositions de contributions devront comporter un titre, un résumé de 2500 caractères maximum, une courte bio-bibliographie et être envoyées à l'adresse cavanna-brest@laposte.net avant le 30 mai 2023 délai de rigueur. La journée d’étude se tiendra à la faculté des lettres et sciences humaines Victor Segalen, à Brest, sur site uniquement – il ne sera fait usage de la visioconférence qu’en ces de motif impérieux. La date, qui devrait se situer à la fin du mois de janvier ou au début du mois de février 2024, sera précisée ultérieurement. Les contributeurs dont la proposition aura été retenue en seront informés à la fin du mois de juin, après examen par le comité scientifique.

 

 

Bibliographie

BERTRAND VEYRET Martine, /Les rapports mère-fils dans le roman depuis la guerre/, thèse de doctorat en littérature française, Université de Lyon, 1992

DAHAU Isabelle, « Imbuti, Cavanna, Taravella, Schenardi et les autres… » /in /: /Les Italiens des bords de Marne et de l’Est parisien/, Communauté d’agglomération de la vallée de la Marne, Le Perreux-sur-Marne, 2007

GALIAY, Jean-Jacques, /Situations de Cavanna/, mémoire de lettres modernes, Université de Perpignan, 1979

PAUTRAT Guillaume, /La fin du XX^e siècle vue par François Cavanna/, mémoire de maîtrise en histoire, Université de Toulouse, 2000

TASSY Pascal, /Cavanna, paléontologue !/, Variantes, éditions matériologiques, Paris, 2020

THEVENOT Anne, /Étude du comique chez Cavanna/, mémoire de maîtrise en lettres modernes, Université de Grenoble, 1974



1 Cf. Cavanna raconte Cavanna/, /Charlie Hebdo/ hors-série n° 24, Rotative, Paris, 2008, p. 78.
« J’écris « d’instinct », c’est-à-dire que je laisse couler de mon cerveau sur le papier ce que me suggère le considérable stock accumulé par mes lectures et par ce qu’on appelle « l’inspiration » et amené à son degré d’optimum par un vigilant travail. » /Cf. Op.cit./, p. 79.