Le breton à l’UBO : préserver, enseigner, étudier et promouvoir une langue et une culture régionale

Le
Le mois du breton
CRBC
Comme le printemps, le Mois du breton - Mizvezh ar brezhoneg est revenu cette année en mars pour célébrer la langue et la culture bretonne. Comment la langue bretonne est-elle valorisée, étudiée et enseignée à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) ? Tour d’horizon du breton à l’UBO.

A travers son offre de formations, ses activités de recherches via le Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) et de nombreuses actions concrètes mises en œuvre auprès des personnels comme des étudiants, l’UBO joue un rôle prépondérant dans la valorisation de la langue bretonne.

 

« La langue bretonne constitue une dimension majeure de l’identité de la Bretagne, surtout dans sa partie occidentale où elle a été la principale langue de communication jusqu’au milieu du XXe siècle. Elle est également, comme toute langue, une source essentielle de richesse culturelle et un élément important du patrimoine culturel mondial. Promouvoir la langue bretonne est donc une évidence pour l’UBO. En soutenant la langue bretonne, l’UBO est de plus en phase avec les aspirations actuelles de la société bretonne, la croissance de la population scolarisée dans les écoles immersives ou bilingues, et les choix politiques des collectivités territoriales, qui se sont engagées dans la promotion d’un bilinguisme visible et actif (conseil régional de Bretagne, conseil départemental du Finistère, Brest Métropole, Quimper Bretagne Occidentale…). » 

Ronan Divard, chargé de mission langue et culture bretonne

Une légitimité juridique

Si l’UBO dispose de la légitimité intellectuelle, morale et sociétale pour assumer cette mission de promotion, elle dispose aussi d’une légitimité juridique attestée par plusieurs textes, dont l’article 7 de la loi n° 84 – 52 du 26 janvier 1984 sur l’enseignement supérieur (loi dite « Savary ») qui dispose notamment que « Le service public de l’enseignement supérieur… veille à la promotion et à l’enrichissement de la langue française et des langues et cultures régionales. Il participe à l’étude et à la mise en valeur des éléments du patrimoine national et régional ».
L'UBO est également cosignataire, avec les 3 autres universités bretonnes, de la "Convention spécifique pour la transmission des langues de Bretagne et le développement de leur usage dans la vie quotidienne 2022-2027", qui lie l’État et la Région Bretagne. Il y est notamment indiqué que "Les parties signataires entendent ainsi, par leurs engagements dans cette nouvelle convention, permettre au plus grand nombre de personnes qui le désirent d’apprendre, d’écouter, de parler et de lire le breton et/ou le gallo".

Au sommaire

Pourquoi s’intéresser à la langue bretonne aujourd’hui ?
 

Aujourd’hui, le breton compte environ 225 000 locuteurs, d’après les chiffres de l’Office de la langue bretonne. L'UNESCO l’a classé comme langue en danger sérieux d’extinction. 

 

Un peu d’histoire

Au début du XXème siècle, le breton est la langue la plus parlée en Bretagne. Mais avec la généralisation du français par l’école de Jules Ferry, le breton a été interdit à l’école, ce qui a commencé à briser progressivement des chaînes de transmission. « On mettait un sabot autour du cou d’un enfant surpris à parler breton. Pour pouvoir le retirer il fallait dénoncer un autre enfant parlant breton. Ma grand-mère dans les années 1920, qui s’était attachée à parler uniquement le français, a eu honte lorsqu’elle a entendu sa petite sœur parler breton lors de son premier jour d’école. On a appris aux gens à détester leur image. » explique Gwenole Larvol, maître de conférences en sciences de l'Éducation à l'UBO. La Seconde Guerre mondiale met ensuite un coup d’arrêt à la langue bretonne et participe à sa déligitimisation. « Dans les années 1950, on est passé en très peu d’années, et dans toutes les familles de Basse Bretagne, du breton au français. » précise Gwenole Larvol.

 

Dans les années 1970 et 1980, la rupture de la transmission familiale contribue à la chute drastique du nombre de locuteurs.
Durant cette période, les scientifiques ont alors mené une recherche d’urgence pour documenter et étudier le breton hérité avant qu’il ne disparaisse, et ainsi conserver des traces orales de ce registre de langue et de ses variations. Le Nouvel Atlas Linguistique de la Basse-Bretagne issu d’un travail de terrain pour collecter la diversité dialectale du breton mené par Jean Le Dû entre 1969 et 1999, témoigne de cette émulation.

À partir des années 1970, on observe malgré tout un renouveau de la culture bretonne venue du monde du spectacle. Alan Stivell, artiste bretonnant, initie une réappropriation de la langue et de la culture bretonne à partir de la musique. Une deuxième vague dans les années 1990 vient renforcer cette reconquête, notamment grâce au spectacle “L’héritage des Celtes” de Dan ar Braz. Elle se traduit notamment par un grand succès populaire des festoù-noz avec des groupes au succès retentissant comme Ar Re Yaouank.

Aujourd’hui, le nombre de nouveaux locuteurs est beaucoup moins nombreux que les locuteurs âgés qui disparaissent. Le nombre de locuteurs continue donc à diminuer, malgré un regain d’intérêt pour l’apprentissage du breton depuis les années 2000. La langue a ainsi une fonction identitaire et culturelle « C’est vrai qu’on n’apprend pas le breton comme on apprend l’anglais, mais ce n’est pas inutile de l’apprendre pour autant. Pour les enfants, par exemple, les bienfaits du bilinguisme précoce valent pour toutes les langues. Et une fois adulte, il y a de nombreux débouchés professionnels pour les personnes bilingues, notamment dans l’enseignement où les besoins ne sont pas couverts. En Bretagne, on estime que pour répondre à la demande, 50 % des enseignants devraient parler breton. » explique Erwan Le Pipec, enseignant-chercheur, membre du CRBC et président du département de breton et celtique de l’UBO.


« L’être humain est fait pour parler plusieurs langues. Plus de la moitié de la population mondiale est au moins bilingue. De nombreuses études en sociolinguistique ont de plus démontré que le bilinguisme favorise un meilleur développement de l’enfant sur le plan linguistique et cognitif. Mais ce qui est important effectivement, c’est le volet identitaire inclusif. Je vois l’identité bretonne comme qui le souhaite, se sent breton. Et qui se sent breton, est breton. Au-delà des avantages cognitifs et linguistiques qui pourraient être tout aussi bien apportés par un bilinguisme français-anglais par exemple, il y a donc une forte dimension culturelle à apprendre le breton en Bretagne. Le breton est une langue d’héritage, une langue qui fait partie de l’environnement de toutes les familles originaires de Basse Bretagne. Pour celles et ceux qui s’implantent en Bretagne, apprendre et comprendre cette langue historique est la meilleure manière de s’intégrer et de rentrer en connexion avec l’endroit où elles et ils vivent. À l’échelle humaine, chaque langue est un trésor culturel. La préservation sur terre des différences, qui s’incarnent notamment par les langues locales, est ainsi essentielle. D’autant plus qu’il y a une tendance aujourd’hui à homogénéiser tous les aspects culturels partout sur la planète » , ajoute Gwenole Larvol.

Les études sur la langue et la culture bretonne à l'UBO : deux exemples
Comprendre les variations linguistiques du breton
 

Tanguy Solliec, docteur du CRBC, a consacré sa thèse à l’étude des variations linguistiques des différentes formes du breton. Son travail se base sur les données issues du Nouvel Atlas Linguistique de la Basse-Bretagne (NALBB). En utilisant des outils statistiques, il analyse les données phonétiques et géographiques pour établir des cartographies des aires linguistiques du breton. Tanguy Solliec a alors étudié plusieurs hypothèses pour comprendre la répartition géographique de ces aires. Dans ses travaux, il montre alors les liens entre migration passée et linguistique.
Dans sa thèse, Tanguy Solliec a ainsi pu observer l’émergence d’une langue et retracer son histoire. Il montre que les origines d’une langue peuvent être étudiées quand bien même les sources écrites anciennes seraient limitées ou inexistantes. Un travail qu’il espère pouvoir appliquer à d’autres langues.
 
En savoir plus : “Le breton, un laboratoire linguistique à ciel ouvert.”

« L’idéologie bretonne. Entre authenticité et nationalisme soft »
 

Pourquoi la théâtralisation permanente de l’identité régionale rencontre, en Bretagne, un tel succès ? C’est la question que pose André Rousseau, sociologue et chercheur associé au CRBC, dans un livre destiné au grand public et aux élus. 
Dans cet ouvrage, il explore comment s'est construit un consensus autour de l'identité bretonne, remontant à près de deux siècles. André Rousseau met en lumière les discours et projets de cette idéologie, axés sur la valorisation de la culture bretonne, la rupture avec la culture française et l'exceptionnalité de la Bretagne. L'ouvrage souligne que l'idéologie bretonne comble le vide laissé par le déclin religieux, mais reste en-deçà d'un véritable projet politique, décevant certains autonomistes.
 
En savoir plus : Communiqué de presse - pourquoi la théâtralisation permanente de l’identité régionale rencontre, en Bretagne, un tel succès ?
« L’idéologie bretonne » : quand le sociologue André Rousseau parle d’authenticité et de nationalisme soft
 

Le breton, un atout au quotidien : témoignage de Morgane Le Coz, chargée de ressources documentaires à l’UBO
 
 
Morgane Le Coz

« Enfant, mes parents ont fait le choix de m’inscrire à l’école bilingue alors qu’ils ne parlaient pas breton. J’étais en classe bilingue en primaire et collège, puis j’ai continué le breton en option au lycée. Après mon bac, j’ai choisi de faire une double licence anglais/breton à l’UBO. Comme je n’étais pas dans un contexte bretonnant à la maison, j’avais peur de perdre la langue si j’arrêtais.
Et puis en deuxième année, j’ai abandonné l’anglais pour me consacrer au breton. J’étais vraiment passionnée par l’étude de cette langue, que ce soit la linguistique, la dialectologie, mais aussi la littérature, l’histoire, faire des enquêtes de terrain… La licence de breton proposée à Brest est très riche, avec des enseignants passionnés qui ont le goût de transmettre leurs recherches. J’ai poursuivi mon cursus en master, avec une année de master recherche sur le breton, avant de rejoindre le master 2 métier du livre et de l’édition.
Après mon diplôme, j’ai travaillé dans l’édition de livres en breton. D’abord pour les éditions du CRBC où j’ai mis en page des ouvrages bilingues. Puis j’ai été éditrice pendant 5 ans pour la maison d’édition Ti-embann ar skolioù (TES) qui édite des livres pour enfant uniquement en breton.
J’ai ensuite travaillé à la médiathèque des Capucins. J’ai notamment participé à la traduction en breton de la bibliothèque numérique Iroise, mais ils ont aussi profité de mes compétences pour proposer des lectures en breton.
En octobre 2022, j’ai rejoint le CRBC comme chargée de ressources documentaires. Je suis parfois amenée à accueillir du public, mais ma mission principale est le catalogage du fond Miorcec de Kerdanet. Le fonds est composé d’environ 1250 ouvrages, témoins de l’histoire de la Bretagne datés de 1450 pour le manuscrit le plus ancien, jusqu’au début du XXème.
Je parle breton tous les jours dans mon travail, que ce soit pour étudier les livres en breton ou pour échanger avec le public et les partenaires. Le breton est une richesse dans mon parcours professionnel, j'ai souvent été embauchée parce que je parle breton. »

 

Le breton est donc aujourd’hui un objet d’étude pour les scientifiques de toutes disciplines : sociolinguistique, dialectologie, littérature, histoire, sciences de l’éducation… « Le breton fait partie du bagage culturel de la Bretagne, on ne peut pas en faire totalement abstraction quand on étudie la Bretagne. ».

Les recherches sur la langue bretonne à Brest


 
Le centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) de l’UBO est un laboratoire pluridisciplinaire unique fondé en 1969. Historiens, linguistes, ethnologues, sociologues investissent des thèmes de recherche relevant des aires culturelles bretonnes et celtiques. Mais ils mènent également, à titre comparatif, des recherches individuelles ou collectives sur d’autres terrains, à l’échelle de l’Europe, notamment atlantique, voire au-delà.
Le CRBC compte aujourd’hui 34 enseignants-chercheurs, 9 personnels d'appui à la recherche, 31 doctorants et pas moins de 101 chercheurs associés et émérites. 
Parmi ceux-ci, une dizaine de chercheurs permanents, auxquels s'ajoutent une dizaine de doctorants et chercheurs associés, s’intéressent plus particulièrement à la langue et à la culture bretonne. Cette thématique transversale infuse dans tous les axes de recherche du CRBC.

 

En savoir plus : Présentation des recherches sur la langue bretonne au  CRBC

L'info en + : En 2019, le Centre de Recherche Bretonne et Celtique a célébré ses 50 ans. Tout au long de l’année, de nombreux événements ont permis aux chercheurs, étudiants et grand public de se rencontrer autour des travaux menés par les membres du laboratoire de recherche.


En savoir plus : Bilan des 50 ans du CRBC

Des projets structurants 

Une collection remarquable

Le CRBC c’est aussi une bibliothèque de recherche située au dernier étage de la faculté des lettres et sciences humaines de l’UBO et qui réunit 73 000 ouvrages, 2 400 titres de revues et plusieurs milliers de documents sonores et iconographiques.
Parmi les ouvrages de la collection du CRBC, on retrouve des ouvrages patrimoniaux uniques, mais également des fonds d’archives remarquables comme ceux d’Anatole Le Braz, Pierre-Jakez Hélias ou encore Naïg Rozmor. 
Au CRBC, “c'est une structuration un peu bizarre. Il y a, en France, très peu d'unités de recherche avec une bibliothèque associée, et surtout avec des collections d’ouvrages et d’archives aussi exceptionnelles et anciennes.

Signe du caractère exceptionnel de ces collections, la bibliothèque a obtenu en 2019 le label CollEx-Persée. Ce dispositif, mis en place par le ministère de l’enseignement supérieur en 2017, identifie les collections d’excellence, d’intérêt national et international. L’objectif est de rapprocher les chercheurs des fonds documentaires pour alimenter leurs travaux, mais aussi faire émerger de nouvelles recherches.
C’est en répondant à un appel à projets du Groupement d'intérêt scientifique (GIS) CollEx-Persée que  le CRBC a pu, dès 2019, recruter Marie-Alice Le Corvec, archiviste : “J’ai notamment travaillé pendant un an sur l’inventaire des 40 mètres linéaires d’archives du fonds Miorcec de Kerdanet, déposé au CRBC en 2020. Ce fonds, rassemblé par une famille de notables de Lesneven, réunit une collection d’archives et d’ouvrages historiques, littéraires et juridiques en breton, mais aussi des chansons et des cantiques. Les archives les plus anciennes remontent au XIIIe siècle, tandis que les plus récentes datent du début du XXe siècle.
Grâce à un partenariat avec la Bibliothèque nationale de France (BnF), certains des ouvrages les plus précieux et qui ont des intérêts patrimoniaux et scientifiques sont en cours de numérisation.

L'info en + : La bibliothèque Yves-Le Gallo du CRBC est ouverte à tous  du lundi au jeudi, de 9 h à 18 h et le vendredi, de 9 h à 17 h.
La consultation des archives est possible sur rendez-vous. Les demandes doivent d’abord être adressées à la direction du CRBC par mail à direction.crbc@univ-brest.fr

 

Le saviez-vous ?  Lancée en juin 2020, la mise en ligne des 24 numéros de la revue La Bretagne Linguistique est terminée et l'intégralité des numéros est désormais disponible en libre accès sur le site d'OpenEdition Journals. Publiée depuis 1985 par le CRBC, La Bretagne Linguistique rassemble chaque année des articles sur la langue bretonne, issus notamment du séminaire de recherche éponyme organisé par le « Groupe de recherche sur l’économie linguistique de la Bretagne » (GRELB), et sa situation linguistique au regard d’autres langues, celtiques ou régionales. Cette mise en ligne s’est faite dans le cadre du projet REGOSO, porté par la Maison des sciences de l'homme en Bretagne et lauréat de l’appel à projets du Fonds national pour la science ouverte en 2020. La revue La Bretagne linguistique est par ailleurs lauréate de la campagne de soutien aux revues 2023 de l'institut CNRS Sciences humaines & sociales.

Des recherches celtiques transfrontalières

Si le CRBC et sa bibliothèque sont uniques en France, il existe un centre similaire au pays de Galles : le Centre for Advanced Welsh & Celtic Studies (CAWCS). Le projet de recherche DreAM permet de mener des études croisées entre le CRBC et le CAWCS pour inventorier, contextualiser, analyser et diffuser des archives bretonnes présentes aux Pays de Galles et des archives galloises de Bretagne. L’objectif est d’étudier et comprendre les relations entre les deux pays entre le 18ème et le 20ème siècles à travers les collections du CRBC et de la National Library of Wales..
Jusqu’en septembre 2024, environ 10 enseignants-chercheurs bretons et gallois travaillent sur le projet, en partenariat avec la bibliothèque nationale du pays de Galles et les archives départementales de Quimper.
DreAM n’est qu’une première étape dans les relations entre le CRBC et le CAWCS. Cette première phase a permis de défricher le terrain, mais, en termes d’études et de recherches, il y a un potentiel pour plusieurs années.” indique le CRBC.

Les formations autour de la langue bretonne à l’UBO


Aujourd’hui, on compte près de 20 000 élèves scolarisés (source : Office public de la langue bretonne) dans les filières bilingues français-breton. Le besoin d’enseignants bilingues s’avère ainsi essentiel. D’une part pour répondre à la demande actuelle. Mais aussi pour favoriser à l’avenir l’accroissement du nombre de classes bilingues et d’élèves inscrits en français-breton. Et de permettre à tout le territoire d’y avoir accès. Ce besoin s’exprime aussi bien dans l’enseignement primaire que secondaire. L’UBO a donc mis en place des parcours inédits visant à former de futurs enseignants bilingues.

Se former autour de la langue et de la culture bretonne permet aux étudiant/es de l’UBO d’acquérir des connaissances théoriques et une méthodologie de haut niveau. Cette formation constitue de plus un atout majeur pour exercer dans de nombreux secteurs professionnels, de l’enseignement à la recherche en passant par l’édition, le tourisme ou encore les métiers du patrimoine.   

La licence mention LLCER - Langues, Littératures et Civilisations étrangères et Régionales - parcours breton

Ce parcours permet aux étudiant/es de consolider leurs connaissances écrites et parlées du breton et de maîtriser à la fin de la licence  des techniques d’analyse et de recherche dans les domaines de la géolinguistique, de la sociolinguistique, de la littérature et de la civilisation liées au breton et aux autres langues celtiques (gallois et irlandais, notamment). A l’issue de cette licence, il est possible de poursuivre sa formation en master pour rejoindre à terme un large panel de domaines professionnels : enseignement (primaire, secondaire, supérieur, formation pour adultes…), journalisme, édition, animation culturelle….

En savoir plus : Licence mention LLCER - Langues, Littératures et Civilisations étrangères et Régionales - parcours breton

La licence PPPE (Parcours préparatoire au professorat des écoles) Lycée Iroise-UBO

L’objectif de ce parcours est de préparer des étudiant/es à poursuivre vers le métier de professeur/e des écoles en classe bilingue français-breton. Il s’adresse cependant à tous les lycéennes et lycéens, qu’elles et ils soient monolingues ou bilingues. Ce cursus permettra aussi d’obtenir une licence de Sciences de l’Éducation.
Cette nouvelle licence, qui existe depuis la rentrée 2022, est conduite conjointement par la Faculté des sciences de l’éducation de l’UBO et le lycée de l’Iroise. Au cours de ces trois années d’études, la moitié des cours sont assurés au lycée et l’autre moitié à l’université.

En savoir plus : Licence PPPE (Parcours préparatoire au professorat des écoles) Lycée Iroise-UBO 

 

« J’ai toujours aimé la langue et la culture bretonne. J’ai effectué toute ma scolarité en filière bilingue français-breton. Parce que je souhaite approfondir mes connaissances de cette langue et également devenir professeur des écoles en filière bilingue, j’ai donc intégré la licence Parcours préparatoire au professorat des écoles. C’est une chance pour moi de pouvoir mêler mes études, et j’espère ensuite mon métier, à la culture et la langue bretonne que j’ai très envie de transmettre à mon tour. » 

Soig Lancien, étudiant en première année de licence PPPE


« J’ai candidaté à cette formation dans le but de devenir professeur des écoles. Je n’avais jamais appris le breton auparavant et je n’en avais pas particulièrement le projet. Mais je suis attachée à mes terres et je suis fière aujourd’hui d’apprendre le breton. Les premiers mois d’apprentissage sont un peu ardus mais ensuite on progresse rapidement. Certains de mes amis se demandent pourquoi j’ai fait ce choix, parce que pour eux le breton, ça ne sert à rien. Pourtant, les écoles bilingues se développent de plus en plus et on a un besoin crucial d’enseignants parlant le breton. »

Alexia Deshoux, étudiante en première année de licence PPPE

Le Master mention Langues et Sociétés parcours Langues et cultures celtiques en contact

Adossé au CRBC, ce master bilingue (français-anglais) et interdisciplinaire propose un apprentissage des langues celtiques modernes et médiévales (breton, gallois, irlandais) et offre des enseignements dans les domaines linguistique, littéraire et civilisationnel. Avec cette solide formation, et des compétences expertes sur le plan rédactionnel et technique, les futurs diplômés pourront ensuite embrasser une carrière dans la recherche mais aussi travailler dans la presse spécialisée, la gestion du patrimoine, l’aménagement du territoire, le tourisme culturel, la documentation ou la médiation.
À l’heure actuelle, il n’existe en France aucun autre Master portant sur l’ensemble des langues et cultures celtiques.

En savoir plus : Master mention Langues et Sociétés parcours Langues et cultures celtiques en contact

Master mention Civilisations, Cultures et Sociétés - Option breton

Ce master reflète parfaitement l’interdisciplinarité du CRBC, sur lequel il s’appuie. Il est organisé en cinq options : histoire ancienne et médiévale et histoire de l’art ; histoire moderne et contemporaine et histoire de l’art ; breton ; ethnologie ; philosophie. L’option breton assure aux étudiant/es des compétences approfondies qui leur permettent de mener à bien une première recherche et de se préparer efficacement à passer les concours exigeants de la fonction publique par l’apprentissage de l’esprit de synthèse, de la rédaction, de la maîtrise des outils numériques... 
En savoir plus : Master mention Civilisations, Cultures et Sociétés - Option breton

Enseigner le breton, enseigner en breton

Le site de Saint-Brieuc est l’unique site de l’INSPE de Bretagne à proposer un parcours breton aux étudiants en master MEEF (Master de l'enseignement, de l'éducation et de la formation) 1er degré (école élémentaire) et 2è degré (collège et lycée). Objectifs : préparer les étudiants aux concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE) et au certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES) pour devenir ensuite professeurs des écoles bilingues français - breton ou professeur de breton en lycée ou collège.

Le site de Saint- Brieuc accueille de plus les stagiaires ayant obtenu le concours de recrutement de professeurs des écoles et se destinant à l’enseignement bilingue. Il propose aussi une formation à distance avec un module de breton pour les candidats présentant le concours par leurs propres moyens. L’équipe pédagogique de l’INSPE encadrant les étudiants viennent tous du terrain, avec un parcours dans l’enseignement du 1er et 2è degré.

 

« Nous proposons aux étudiants un accompagnement personnalisé, tant sur le terrain qu’en classe, avec un tuteur brittophone. Cet accompagnement se poursuit au-delà du master. Pour suivre un master MEEF en filière bilingue, il faut avoir un très bon niveau en breton puisqu’il s’agira ensuite d’enseigner aussi bien la lecture, l’écriture, les mathématiques que l’histoire dans cette langue, à l’oral comme à l’écrit. Avec mes deux collègues brittophones, nous apportons aux étudiants les connaissances, techniques et outils pédagogiques propres à l’enseignement bilingue. Ce peut être aussi bien des connaissances scientifiques et méthodologiques sur le fonctionnement du cerveau d’un jeune enfant et sur le bilinguisme que la numération en breton ou encore la manière d’intégrer les familles dans cet apprentissage. Nous travaillons également sur des projets autour de la culture bretonne. Des cours de langues visant à renforcer l’apport linguistique et l’apport culturel des étudiants sont aussi dispensés dans le cadre de la préparation au CRPE. Les étudiants de master 1 font par ailleurs des stages d’observation en classe bilingue et ceux de master 2 sont en alternance. Ces expériences concrètes leur permettent de comprendre plus finement comment mettre en œuvre ce qu’ils apprennent en cours. Les promos d’étudiants bilingues sont très diversifiées. Tous n’ont pas appris le breton en milieu scolaire. Leur maîtrise du breton est bien-sûr un atout pour pouvoir obtenir un poste d’enseignant en Bretagne dès leur titularisation. Mais au-delà de cet atout non négligeable, nos étudiants sont surtout très passionnés par la langue et la culture bretonne. Les différentes promos d’étudiants apprécient tous la relation de proximité avec l’équipe pédagogique dont ils bénéficient à l’INSPE. Une fois titularisés, ils gardent contact entre eux pour se partager leurs expériences, outils et bonnes pratiques développées en classe. Il y a un esprit de corps et d’entraide très positif. Bien que concentrée sur le site de Saint-Brieuc, cette formation est le fruit d’une démarche plurielle conduite par les 4 départements bretons. Tout le monde travaille main dans la main, universitaires et personnels de terrain. » 

Elisa Bleunven, enseignante, maître formatrice et coordinatrice pédagogique 1er degré bilingue sur le site de Saint-Brieuc, à l’INSPE Bretagne
 

Le breton des jeunes locuteurs : en quoi ce n’est « pas le même breton » ?

Le breton connaît aujourd’hui un renouveau grâce à un mouvement de réappropriation par le biais de l'école, devenu le principal moyen de transmission de la langue. Mais, l’école peut-elle « réparer » la cassure dans la chaîne de transmission linguistique ? Un discours assez répandu questionne la légitimité des nouveaux locuteurs, qui parlerait un « néo-breton », homogène, artificiel, au lexique saturé de néologismes, marqué paradoxalement par un fort accent français. En cela, il serait très éloigné des formes immémoriales de la langue, quant à elles naturalisées et caractérisées par leur hétérogénéité et des caractéristiques linguistiques spécifiques.

Dans une étude récente, Erwan Le Pipec a mesuré et analysé les traits prosodiques, soit l’ensemble des caractéristiques orales du breton, révélant l'impact du français. Mais les pratiques sont diverses et peuvent varier en fonction de différents facteurs, notamment l’âge d’apprentissage de la langue.

En savoir plus : Conférence d’Erwan Le Pipec le mercredi 3 avril au BEAJ Kafe

Des actions concrètes pour promouvoir le breton à l’UBO

En 2016, une mission « langue et culture bretonnes » a été créée afin d’assurer une place visible et significative au breton et à la culture bretonne à l’Université de Bretagne Occidentale. Une démarche qui s’est concrétisée la même année par la signature de la charte Ya d’ar brezhoneg avec l’Office public de la langue bretonne, organisme dépendant du Conseil régional de Bretagne.
 
En signant cette charte, l’UBO a pris ainsi plusieurs engagements en faveur de la langue bretonne, portant aussi bien sur la mise en place d’une signalétique bilingue dans ses locaux, la création et l’usage de cartes de vœux bilingues pour les personnels de l’université, l’accès aux étudiants à des unités d’enseignement libre de langue bretonne.  Par ailleurs, des ateliers de conversation et d’échanges en breton ont été mis en place en collaboration avec le Pôle langues, pour les étudiants et les personnels. L’UBO soutient et participe aussi à la Redadeg, course à pied pour la langue bretonne : un km est acheté par l’université lors de chaque édition.
 
Des actions qui ont amené l’UBO à obtenir en 2019 le Label 1 « Soutien à la langue bretonne », décerné par l’Office public de la langue bretonne, après un audit détaillé sur la concrétisation des engagements pris.