Étudier le biofilm marin : un enjeu d’avenir pour les usagers du nautisme et l’aquaculture marine

Le
Laboratoire de biotechnologie et chimie marines
Aquaculture

Le biofilm marin est un problème bien connu des plaisanciers. Constitué d’une multitude de microorganismes, il se dépose sur les surfaces immergées et, par des mécanismes chimiques, peut conduire à leur dégradation. Les projets de recherche menés au sein du laboratoire de Biotechnologie et Chimie marines (LBCM) ont pour objectifs de produire des revêtements antibiofilm éco-respectueux et d'étudier des bactéries et macroalgues marines pour développer des applications dans le secteur de l'aquaculture et de la santé humaine et végétale.

Diminuer l’impact écologique des activités maritimes

Dans ce domaine d’étude sur les surfaces anti-bioadhésion, nous avons obtenu un financement de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) en 2021. Ce projet, appelé ANR PAINTS, vise à diminuer l’empreinte écologique des activités maritimes. Comment ? En agissant sur la nature chimique des antifoulings, aujourd’hui principalement constitué de métaux à base de cuivre ou de zinc aux propriétés biocides, en les substituant par des revêtements à effets de surface « fouling release » respectueux de l’environnement. Au-delà du caractère innovant des formulations envisagées, ce projet apporte également des données fondamentales et appliquées sur la croissance du biofilm à la surface de ces revêtements. Elles sont actuellement testées en milieu naturel sur 5 sites répartis entre le Québec, la France métropolitaine et la Réunion dans le but de reproduire des environnements de navigation contrastés. Ce projet présente également un volet sociologique qui vise à comprendre les attentes des usagers sur l'utilisation des antifoulings avec et sans agents biocides, puis à les sensibiliser à l'adoption de ces nouveaux revêtements éco-respectueux” présente le professeur Isabelle Linossier, directrice du LBCM.

Développer des probiotiques innovants destinés à l’aquaculture marine

L’un des projets phares mené par les 5 enseignants-chercheurs, de l’IUT de Quimper et membre du LBCM, est le projet PAQMAN, financé par le fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP), pour le développement de probiotiques innovants pour l’aquaculture marine. « Encore aujourd’hui, nous découvrons de nouvelles espèces de bactéries dans le microbiote d’animaux marins, ces découvertes offrent de nombreuses possibilités d’étude et d’application », s’enthousiasme le professeur Yannick Fleury, directeur-adjoint du LBCM.
L’une de ces nouvelles espèces bactériennes est particulièrement intéressante pour le développement de probiotiques innovants destinés à l’aquaculture marine. Isolées du microbiote d’huître pour ses propriétés antibactériennes, ces bactéries participeraient à protéger l’hôte des bactéries pathogènes. Notre objectif est de déployer une technologie innovante bio-inspirée qui pourra être utilisée en aquaculture. Les applications sont doubles : augmenter la survie des animaux face aux pathogènes, mais également améliorer l’environnement d’élevage en limitant la formation du biofilm.

LE LBCM devient une équipe mixte de recherches du CNRS

En janvier 2023, le LBCM est devenu une équipe mixte de recherche (EMR 6076) du CNRS rattaché à l’Institut d’Écologie et d’Environnement (INEE) : “C’est une forme de reconnaissance de la qualité de nos activités de recherche, c’est positif pour le laboratoire” indiquent Isabelle Linossier et Yannick Fleury.
La labellisation avec le CNRS permet « d’ouvrir de nouveaux horizons » au LBCM en leur offrant de nouvelles opportunités pour mener des projets de recherche d’ampleur. Les équipes du laboratoire ont maintenant accès à de nouveaux outils, des formations ou des appels à projet réservés aux membres du CNRS.
Le LBCM fait partie des 4 nouvelles unités INEE de 2023, cette labellisation augmente la visibilité du laboratoire au niveau national et international et favorise l’émergence d’une nouvelle dynamique de recherche. “Notre ambition est de jouer, à court terme, un rôle encore plus important aux niveaux national et international dans la résolution des questions actuelles liées à la compréhension de la dynamique des biofilms, à la réponse aux enjeux écologiques, environnementaux, sociétaux et économiques, particulièrement en milieu marin.” précisent Isabelle Linossier et Yannick Fleury.

Le LBCM : un laboratoire de recherche pluridisciplinaire autour des biofilms marins et de la bioprotection

Le laboratoire de Biotechnologie et Chimie marines (LBCM), rattaché à l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM), est présent sur 3 sites Quimper, Lorient et Vannes. Ce laboratoire est multi-tutelles (UBO, UBS et CNRS).
Sa vingtaine de membres permanents est spécialiste en chimie, biochimie, biologie des organismes, microbiologie ou encore physiologie. Cette multidisciplinarité confère au LBCM la spécificité d’une recherche transversale et originale, qui lui garantit une reconnaissance dans le domaine des biofilms marins et de la bioprotection. Ensemble, ils développent trois axes de recherches autour de cette dynamique :

  • La conception de nouvelles surfaces et les interactions entre les surfaces immergées et les microorganismes
  • Les liens entre le biofilm et la virulence des bactéries qui le compose
  • La bioprotection pour limiter la formation du biofilm

Le LBCM est impliqué dans différents programmes de recherche régionaux, nationaux et internationaux et mène des projets en partenariats avec des entreprises locales comme les sociétés Nautix, Armen ou Roullier.